PRESENTATION DE LA PEINTURE
d’Idris Lahore
par Louise d’Auxiron
Lors de la mise en cadres des œuvres picturales d’Idris Lahore, alors ses toiles étaient simplement déballées sur une grande table, j’observais quelque chose d’étonnant : ceux qui entraient, sans exception, arrêtaient leur regard sur ces œuvres et étaient, visiblement, profondément interpellés.
Chacun regardait les peintures comme si, intérieurement, profondément, quelque chose se réveillait, se révélait ; comme si le message des formes et des couleurs résonnait en eux de façon vivante et réelle, comme si les couleurs et les formes, là présentes, vibraient en eux. L’on pouvait lire cet émerveillement sur les visages et, avant de quitter la salle, la plupart des personnes présentes l’exprimaient.
J’ai d’abord pensé que ceux qui avaient pénétré ce jour-là dans l’atelier d’encadrement étaient particulièrement sensibles à l’art. Puis étant retournée de nombreuses fois chez l’encadreur, chaque fois, je constatais que ces œuvres « parlaient » à ceux qui entraient. Je me disais : il y a dans ces œuvres quelque chose de singulier, quelque chose qui vit réellement, quelque chose qui agit et qui vibre réellement, c’est un art qui parle directement et universellement à l’âme.
Tout au cours de mon expérience de vingt années d’enseignement aux Beaux-Arts, j’avais observé que la peinture de certains artistes anciens ou actuels - par exemple celle de Zao Wou Ki - parle directement et universellement à l’âme. Je songeais alors toujours plus profondément à cette réflexion de Goethe : « L’art est une manifestation des lois naturelles cachées qui, sans lui, ne pourraient jamais trouver une expression. »
Je décidai de m’entretenir à ce sujet avec Idris Lahore; il me parla d’un ami qui avait perdu la vue et qui, en présence de deux œuvres, l’une « vivante » et l’autre anodine, distinguait laquelle était de qualité. Il sentait vibrer l’œuvre d’art véritable. J’écoutai attentivement les paroles d’Idris Lahore :
« Une œuvre d’art véritable vibre. Rupert Sheldrake dirait qu’elle contient un champ morphogénique ; certains le perçoivent par les yeux et d’autres de façon plus intuitive. La multiplication de ces champs morphogéniques entre dans le champ global de la terre, y amenant une structure vivifiante en guérissant les forces d’opposition chaotisantes. L’œuvre d’art véritable agit, vibre. Cet effet thérapeutique, au sens le plus élevé du terme, agit ainsi sur les lieux où les œuvres sont disposées. Elles créent ce champ morphogénique harmonisant que beaucoup ressentent comme une «ambiance » ou une « atmosphère ».
Les techniques d’harmonisation des espaces étaient autrefois basées sur ces connaissances : il s’agit de la science des impressions et des vibrations, toutes les impressions entrent non seulement dans la terre, mais également dans l’être humain, consciemment ou inconsciemment. »
« Un autre aspect : les champs vibratoires ont besoin de temps. Ils n’existent pas sous une forme achevée au moment de la création ; animés de vie, ils prennent de l’ampleur avec le temps. Il en est ainsi avec les œuvres originales mais également avec les reproductions, à la condition que la maturation de l’œuvre soit arrivée à son terme. Plus il y a d’œuvres d’art, plus l’ensemble du champ en tant qu’entité globale agit. Cependant, dans un lieu ou dans un livre, c’est la qualité et l’agencement qui importent. »
« Pour comprendre cela, il est nécessaire de changer de schéma de pensée, de s’ouvrir à un autre type de pensée et à des connaissances de nature plus subtile. Il en est de la perception de la peinture comme de la compréhension intellectuelle ; elle se fait à plusieurs niveaux. »
« Certains tableaux sont complexes ; d’autres sont très épurés, par exemple un tableau que je venais à peine de commencer : je pars répondre au téléphone, je me retourne et il était fini ! Pour cela, tout un travail de maturation fut nécessaire. Certains se demandent pourquoi le Don Quichotte de Picasso vaut une fortune alors que Picasso a pris un crayon et l’a créé en trente secondes... une fortune pour trente secondes ? En réalité, il ne s’agit pas de trente secondes mais d’une vie !
Une vie qui permet d’arriver à ça !
Extrait du livre le Tao, La voie du Tao, Idris Lahore
Arane ô Arane
J’ai appris la passion
Celle qui d’un instant fait un siècle
et qui dans une fleur sauvage
découvre des myriades d’étoiles
Celle qui d’un regard
embrase les yeux de l’aveugle
Arane ô Arane - Idris Lahore